Quand un bon chien attaque d’autres chiens

Les interactions et réactions sociales des chiens sont régies par un ensemble complexe de signaux liés principalement à la posture, aux mouvements et à l’expression faciale. Les réactions de l’individu sont influencées par son comportement général, lui-même conditionné par des facteurs génétiques et hormonaux et par le dressage.

La stérilisation est une excellente idée car, bien qu’elles ne présentent pas de lien direct avec l’agressivité, les hormones mâles peuvent intensifier la propension d’un chien à défendre son territoire et, par conséquent, à attaquer d’autres chiens. La meilleure façon d’éviter ce comportement est sans doute de le prévenir. Toutefois, si c’est impossible, il faut intervenir le plus tôt possible après sa manifestation.

La clé repose dans la socialisation du chien, qui doit s’habituer au contact avec des gens et d’autres chiens. Entre 8 et 12 semaines, les chiots traversent une phase importante de leur développement pendant laquelle les interactions avec les animaux, les gens et leur environnement seront déterminantes quant à leurs aptitudes sociales et à leur personnalité. C’est pour cette raison qu’il existe des cours pour les chiots, qui constituent un excellent investissement pour les propriétaires (c’est aussi un bon premier « dressage » pour le maître!). Si l’on ne tire pas le meilleur parti de cette phase du développement, le chien risque d’acquérir des habitudes sociales indésirables, voire dangereuses.

Les spécialistes du comportement canin soulignent que les conseils ne suffisent habituellement pas à corriger les problèmes d’agression et qu’il faut l’intervention directe et régulière d’un dresseur qui possède l’expérience des problèmes d’agression ou d’un vétérinaire spécialiste du comportement. En outre, le propriétaire d’un chien qui agresse d’autres chiens doit se rendre compte que, selon toute probabilité, le problème ne sera jamais entièrement éliminé, surtout si le comportement agressif dure depuis longtemps (c’est pourquoi certains chiens aboutissent dans les refuges pour animaux) et qu’il est bien ancré.

Le traitement consiste à désensibiliser le chien à ce qui déclenche ses agressions (d’autres chiens) et à le contre-conditionner (en le récompensant quand il est calme ou qu’il se comporte bien). Pour obtenir de bons résultats, il faut que le propriétaire ou le dresseur ait l’entière maîtrise du chien (par ex., en le faisant asseoir ou coucher). Si le chien tire sur sa laisse ou s’il saute, la maîtrise est pour le moins imparfaite. Les harnais attachés au cou et autour du museau (comme Haltie et Promise Halter), qui permettent de maîtriser physiquement l’animal et de retenir son attention par un contact visuel, sont très utiles en cas d’écart de comportement. Une fois le chien bien maîtrisé, on le met en présence, mais à bonne distance, d’éléments qui déclenchent ses agressions. La zone de tolérance (qui peut être de 5 à 50 mètres) varie d’un chien à l’autre. Si le dresseur ou le propriétaire a le chien bien en main et que ce dernier est calme, il le récompense (gâterie, encouragement verbal ou caresse). La zone de tolérance est graduellement réduite. Si le chien manifeste de l’agressivité, il faut augmenter la distance et le reprendre en main, puis recommencer. Le but de cet exercice est d’associer la présence d’autres chiens avec une réaction de calme et avec un événement positif : l’obtention d’une récompense.

La méthode décrite ci-dessus est simplifiée, mais elle illustre les principes en jeu dans la modification du comportement. Il faut faire preuve de persévérance et de beaucoup de patience. Il est essentiel de trouver un dresseur disposé à travailler avec un seul chien. Si ce n’est pas possible, demandez à votre vétérinaire de vous recommander un collègue spécialiste du comportement animal.