Savoir percer les secrets de son chat

Les chats sont stoïques et, souvent, ils dissimulent les symptômes de leurs maux jusqu’à ce que ces derniers s’aggravent. Toutes les espèces animales présentent ce trait dans une certaine mesure, et il s’agit probablement d’un mécanisme acquis dans la nature qui leur évite d’attirer l’attention des prédateurs. Néanmoins, il est important que vous sachiez ce qui est normal chez votre chat et que vous puissiez chaque jour surveiller son état.

L’importance de cette surveillance saute aux yeux quand on songe à certains chats emmenés à la clinique alors que la maladie a déjà fait son œuvre et que le propriétaire se reproche de n’avoir pas détecté les symptômes plus tôt. Malheureusement, quand on ne sait pas reconnaître ces symptômes, ils risquent de passer inaperçus. Ainsi, chez un chat, l’absence de miction pendant deux ou trois jours constitue l’exemple parfait d’un état de crise, tout comme le refus de s’alimenter ou l’absence de selles pendant plusieurs jours. Dans tous ces cas, la perspicacité du propriétaire peut être salvatrice, car une intervention précoce peut faire la différence entre le rétablissement de l’animal et des complications. La surveillance devrait porter sur cinq principaux points :

* l’appétit et la soif,
* l’attitude, l’activité et le comportement,
* les selles,
* les mictions,
* le poids.

L’appétit et la soif

La façon de nourrir les chats complique la surveillance de leur consommation d’aliments. Si le chat mange de la nourriture humide, les changements d’appétit sont faciles à détecter car, au moins une fois par jour, il faut laver son bol. Le propriétaire peut donc constater s’il reste ou non de la nourriture et, la boîte de conserve contenant généralement une ou deux portions, il est facile d’évaluer les portions. Toutefois, beaucoup de chats mangent des croquettes. Ce genre de nourriture est emballé dans de grands sacs, et il est difficile d’évaluer ce qui a été consommé à moins de mesurer les portions servies. Si le chat ne suit pas un régime, amaigrissant ou autre, il a accès en tout temps à son bol, qui est tout simplement rempli à mesure que le chat mange. La plupart des propriétaires lavent le bol une fois par semaine plutôt que chaque jour. Quant à l’eau, il importe que l’animal en ait toujours de la fraîche à sa portée et que le propriétaire note la consommation moyenne. Si le chat reçoit de la nourriture humide, la consommation d’eau peut être très faible, mais normale. Une augmentation en flèche de la soif a de quoi inquiéter. Elle peut signaler une affection interne. Le personnel de la clinique vétérinaire peut vous indiquer comment surveiller la consommation d’eau pendant 72 heures afin de confirmer si elle est vraiment excessive ou s’il s’agit, par exemple, d’une simple réaction à la chaleur. L’appétit et la soif peuvent être difficiles à surveiller chez les chats qui vont dehors.

Mesures à prendre : Notez chaque jour la consommation de nourriture et d’eau de votre chat. S’il a libre accès à sa nourriture, vous devrez mesurer ses portions à l’aide d’une tasse à mesurer, et jeter chaque jour la nourriture défraîchie laissée dans son bol (vous pouvez mesurer les restes avant de les jeter, pour connaître précisément la quantité consommée). Désignez un membre de la famille qui se chargera de nourrir le chat, afin d’éviter de lui faire sauter des repas ou de trop le nourrir, et afin de mieux surveiller son alimentation.

Attitude, activité et comportement

Il s’agit d’un aspect important, qu’il faut surveiller chaque jour. Un chat malade peut avoir une attitude normale, mais, souvent, une surveillance étroite permet de détecter des changements subtils. Si vous constatez une altération de la personnalité, par exemple si un chat habituellement timide cherche constamment l’attention, un chat sociable qui se cache, un chat amical qui devient irritable ou agressif, cette altération peut être significative. Les changements de comportement ne sont pas nécessairement le signe de problèmes de santé, mais ils en sont parfois les seuls symptômes. Les symptômes graves, comme les convulsions, la somnolence et les troubles de l’équilibre, sont évidents, mais des changements subtils, comme le fait de se cogner aux meubles, peuvent passer inaperçus. Une réduction de l’activité peut être liée à des blessures, à de la fièvre, à des troubles internes ou à de la faiblesse.

Mesures à prendre : Passez chaque jour un peu de temps avec votre chat pour vérifier si son activité, son attitude ou son comportement ont changé. Observez sa respiration, sa posture et sa démarche.

Selles

Les chats sont sujets à la constipation à cause du volume de poil qu’ils ingèrent pendant leur toilettage. C’est particulièrement le cas chez les chats âgés. La diarrhée ne doit pas être négligée non plus. Qu’elle soit persistante ou qu’elle survienne par périodes, ce n’est pas normal. Le cas échéant, vérifiez l’anus du chat, et nettoyez le pourtour au besoin. Chez les chats à long poil, cette région peut être très souillée, et les selles qui adhèrent au poil peuvent irriter la peau et causer de l’infection (dermatite). Un chat devrait déféquer chaque jour ou presque. Si plus de trois jours passent sans selles, ou si la diarrhée persiste, une consultation à la clinique vétérinaire s’impose. Si la constipation persiste, le gros intestin pourrait s’en trouver distendu et produire un état de constipation opiniâtre, c’est-à-dire que l’intestin est bloqué par des selles dures et sèches. Ce peut être le cas si des corps étrangers s’accumulent dans la partie inférieure de l’intestin. La surveillance des selles peut être très difficile chez les chats qui vont dehors.

Mesures à prendre : Nettoyez chaque jour la litière du chat et évaluer les selles qu’elle contient; si vous constatez que votre chat a la diarrhée ou que ses selles ne sont pas régulières, consultez votre vétérinaire.

Mictions

Les chats sont vulnérables à diverses affections des voies urinaires. Votre capacité de surveiller ses mictions est donc très importante. L’absence de miction peut indiquer un blocage, qui survient surtout chez les mâles et qui met la vie en danger. Des mictions insuffisantes peuvent indiquer un blocage partiel, de l’irritation ou une infection de la vessie. Il se pourrait que le seul symptôme que vous constaterez soit le fait que le chat se met à uriner dans les éviers ou dans d’autres endroits du genre; c’est peut-être sa façon de vous signaler son inconfort. Vérifiez la couleur de l’urine; si elle est rosâtre, c’est qu’elle contient du sang. Le chat doit avoir au moins une miction chaque jour. Habituellement, il a quotidiennement quelques mictions qui laissent un cerne de plusieurs centimètres de diamètre dans la litière. Si vous constatez que les mictions sont très abondantes, elles peuvent révéler des troubles internes, comme le diabète, l’hyperthyroïdie ou l’insuffisance rénale. Si le chat se met à passer beaucoup de temps dans sa litière, à gratter, à faire des efforts pour uriner ou simplement à y rester assis, c’est un signe qu’il y a un problème.

Mesures à prendre : Chaque jour, retirez la litière souillée, et prenez le temps de notez la fréquence des mictions, la couleur de l’urine, la quantité et les odeurs inhabituelles.